Esther Benbassa, auteur-sénateur victime du CSA?
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Les éditions Les Liens qui libèrent alertent sur une application dévoyée des règles édictées par le CSA 

Esther Benbassa publie ce 18 janvier 2012, aux éditions LLL Les Liens qui libèrent un livre intitulé De l’impossibilité de devenir français. Nos nouvelles mythologies nationales.

Esther Benbassa est depuis trois décennies une universitaire et une intellectuelle reconnue. Elle est titulaire d’une chaire à l’Ecole pratique des hautes études (Sorbonne) et auteur d’une trentaine d’ouvrages. L’intérêt suscité par son dernier ouvrage est réel. De nombreux journalistes de télévision et de radio, qui connaissent les travaux antérieurs d’Esther Benbassa, l’ont ainsi spontanément invitée à participer aux émissions qu’ils animent. Jusqu’à ce que, faisant machine arrière, ils annulent leur invitation au motif qu’Esther Benbassa ayant été élue sénatrice le 25 septembre dernier, toute prise de parole de sa part, en cette période électorale, devrait être comptabilisée dans le temps imparti aux différentes formations politiques.

Nous souhaiterions alerter sur cette application dévoyée des règles édictées par le CSA, à l’origine destinées à assurer équilibre et pluralisme en matière d’expression politique en période électorale, et non à empêcher les prises de parole des intellectuels reconnus et indispensables à un débat citoyen digne de ce nom.

Alors que le Sénat lui-même tient pour compatible la détention d’un mandat parlementaire et les fonctions de professeur d’université, et n’a donc pas demandé à Esther Benbassa de renoncer à ces fonctions, certains médias semblent pour leur part en décider autrement.

Nous faisons appel à la vigilance de tous pour qu’une mauvaise interprétation des règles du CSA par certains responsables de médias ne contraigne pas au silence quelques-uns de nos meilleurs intellectuels et universitaires. Le risque est grand, en effet, que le débat public, par l’effet d’une telle censure, ne soit dévitalisé à un moment pourtant crucial de notre vie démocratique.